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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 15:42
Black_Dragons_Hantik.jpg

Black Dragons a le charme désuet d’un film en noir et blanc des années 40. Non, le raccourci est bien trop elliptique car le film recèle de nombreuses richesses. Sorti en DVD dans la collection “SCARE-IFIC” de l’éditeur Hantik Films, ce film est “l’un des plus terrifiants de Bela Lugosi” de l’aveu même de ce dernier.

 

En premier lieu, il s’agit d’un témoignage cinématographique sortant tout droit des années 40 ; le film date de 1942 exactement. Le contexte est celui de l’après Pearl Harbor avec un pays en guerre contre le Japon. La psychose est de mise avec des fantasmes de cinquième colonne. C’est d’ailleurs de cela dont il s’agit ; le scénario du film repose sur une subreptice invasion des Etats-Unis en plein péril jaune. Mais c’est avant tout un suspense haletant qui nous emmène de main de maître vers un final surprenant et quelque peu surréaliste. Mais nous n’en dirons pas plus. A ce sujet, le DVD contient un fascicule avec un très bon texte écrit par Jean-Pierre Putters. Mais il conviendra de le lire après avoir vu le film.

 

Black_Dragons_Hantik_Films.jpgLe film est vampirisé par Bela Lugosi qui est alors au sommet de son art. L’acteur américain d’origine hongroise est alors âgé de 60 ans mais sa présence et son jeu d’acteur sont toujours aussi étonnants. Son accent reste marqué mais comme dans tous ses films, il en joue à merveille pour incarner l’intriguant venu d’Europe ; dans Black Dragons, il est “Monsieur Colomb” (en français dans le texte). C’est d’ailleurs cet accent et sa mauvaise maîtrise de l’anglais qui lui valurent d’incarner Dracula à ses débuts.

 

Le film est de très bonne qualité (son et image) et bien entendu il est en version anglaise avec sous-titres en français (mais aussi italien, espagnol, allemand et anglais). Pour ce qui est des bonus, il y a une bande-annonce. L’occasion de voir qu’à cette époque et ce sera encore le cas durant de nombreuses décennies, la promotion d’un film est assurée exclusivement par la présence d’un grand acteur (ou de plusieurs éventuellement). Il y a également les deux premiers chapitres du film singulier Undersea Kingdom (les suivants se trouvent dans l'autre DVD de la collection SCARE-IFIC : The Death Kiss, objet d'un prochain test). 

 

Black Dragons a été produit par la RKO Pictures (pour Radio-Keith-Orpheum Pictures). Rappelons que la RKO est issue de la fusion de deux sociétés dont l’une appartenait au père de JFK. La RKO avait pour spécificité les films produits avec de faibles budgets ; ici, c’est William Nigh qui s’y colle. Celui-ci a réalisé des dizaines de films dont sept en 1942 ; durant sa carrière, il a également été acteur.

 

Si l’empreinte de Lugosi est bien (omni)présente, le film est aussi le témoignage d’une autre époque. On ne peut pas rester insensible à cette bourgeoisie posée au sein de laquelle une soudaine violence fait irruption, comme autant de coups de dagues (japonaises) qu’il y a de meurtres. Mené sur un faux rythme donné par l’assise et l’assurance de Lugosi, l’intrigue oscillant entre Washington et New-York va pourtant piano (la musique du film y participe avec moults envolées) et  les rebondissements sont incessants. Et même si Lugosi n’incarne pas un vampire, on ne boudera pas les petites allusions jalonnant le film. Ainsi, vers le début, Alice interprétée par Joan Barclay, se regarde dans un miroir et voit le reflet de Colomb (alias Lugosi). Non, Lugosi n’est pas un vampire dans Black Dragons, mais il n’en demeure pas moins mystérieux.

 

Reste que les impressions sont souvent trompeuses. Et vous comprendrez tout le sens de cette phrase en regardant le film.


[Hantik Films, merci à André]

 

Black_Dragons_b.jpg

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commentaires

C
<br /> <br /> j'espère que le film est aussi bon que cet article. En tout cas, vous m'avez convaincu.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> merci 4ugeek pour cet article ; ça donne vraiment envie de voir le film et de revoir Lugosi<br /> <br /> <br /> <br />
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