Numéro un mondial dans l'industrie des semi-conducteurs, Intel a peut être perdu la guerre des smartphones et autres tablettes. Actuellement plus de 90% des smartphones sont équipés de microprocesseurs de type ARM (Advanced Risc Machine). ARM ne fabrique pas ses microprocesseurs mais vend les licences aux différents fabricants qui créent et produisent eux mêmes leur microprocesseur. Et c'est là le point fort d'ARM. Ses clients peuvent customiser à volonté leur microprocesseur. L'iPad ainsi que l'iPhone sont ainsi équipés du microprocesseur A4 qui possède une architecture ARM.
La course à la puissance où Intel voyait en AMD son principal adversaire a détourné Intel du marché des microprocesseurs plus low cost. Intel a bien essayé de répondre tardivement à cette menace avec ses Atom. Mais ARM a une longueur d'avance.
Le paradoxe actuel est qu'avec les netbooks, la puissance des microprocesseurs a diminué au profit d'une plus faible consommation électrique, et que de l'autre côté, les microprocesseurs des smartphones sont de plus en plus puissants.
Les deux sociétés sont donc en plein face à face sur deux marchés qui se rejoignent: Intel avec ses Atom et notamment le Moorestown, et ARM avec l'architecture multi core A9-Cortex qui allie puissance et faible consommation électrique.
Quel argument fera vaciller la bataille vers l'un ou l'autre? Peut être qu'Intel a encore ses chances. La faiblesse d'ARM, c'est que pour ses microprocesseurs, il n'y a pas d'API (Application Programming Interface) qui permettrait aux développeurs d'écrire des programmes qui tourneraient sur les multiples architectures d'ARM.
Mais c'est peut être aussi la force d'ARM. Les clients d'ARM cherchent un produit qui leur soit propre pour mettre en avant leur smartphone ou leur tablette. Le futur des smartphones ou des tablettes n'est sans doute pas à l'architecture commune de type PC avec le x86, mais plutôt à une richesse de produits tous différents les uns des autres.
Actuellement, ARM occupe le terrain, et de ce fait est en bonne place pour s'imposer. Mais la puissance financière d'Intel peut très bien faire la différence: sa capitalisation boursière est 22 fois plus importante que celle de ARM Holdings. L'avenir est sans doute plus une question de bons choix, de stratégie et de partenariats: les bons choix en terme de compromis puissance/consommation électrique, stratégie pour ce qui est du choix des architectures à développer (multi core, single chip intégrant GPU...) et partenariat pour ce qui est des clients à courtiser et à satisfaire.
Toujours est-il que le cours de l'action sur les trois dernières années est largement en faveur d'ARM Holdings (voir les graphiques ci-dessous).